Evénements de 1989

Le 4 juin de chaque année, on commémore la fin du «Printemps de Pékin».
Un rappel chronologique des faits s’impose:

15 avril Hu Yaobang, ancien secrétaire du Parti communiste chinois (PCC) meurt à l’âge de 73 ans. Réformiste convaincu, il avait été destitué à la suite des manifestations étudiantes de l’hiver 1986-1987.
18 avril Des milliers d’étudiants lui rendent hommage.
19 avril Malgré l’intervention massive de la police, plusieurs milliers d’étudiants se retrouvent Place Tiananmen.
22 avril Funérailles officielles de Hu Yaobang sous forte présence policière. Le secrétaire du PCC, Zhao Ziyang, en vareuse Sun Yatsen, prononce l’éloge funèbre.
Les manifestations se poursuivent. D’autres cercles commencent à rejoindre les étudiants et l’agitation s’étend à Xi’an, Changsha, Shanghai, Chengdu.
25 avril La grève des cours débute… les étudiants tentent de constituer une organisation indépendante.
Le PCC met, pour la première fois, en garde face à «un complot contre le Parti communiste et le système socialiste».
26 avril Tout en reconnaissant la sincérité des étudiants au sujet de la lutte contre la corruption et de la démocratisation du régime, un éditorial du «Quotidien du peuple» critique sévèrement les contestataires (texte intégral en anglais dans le site The Gate of Heavenly Peace).
27 avril Des centaines de milliers de manifestants envahissent le centre de Pékin.
2 mai Six mille étudiants manifestent à Shanghai.
Dans la capitale, les étudiants demandent l’ouverture de négociations et menacent de lancer un nouveau mot d’ordre de manifestation pour le 4 mai.
4 mai Jour anniversaire du mouvement du 4 mai 1919, 300’000 manifestants, dont des journalistes de la presse officielle, convergent vers la place Tiananmen. Tiananmen - printemps 1989
5 mai Lors de la réunion de la Banque asiatique de développement, le premier ministre, Li Peng, dit que les revendications des étudiants «coïncident avec les objectifs du gouvernement».
9 mai Plusieurs centaines de membres des rédactions de Pékin transmettent une pétition qui réclame la mise en place d’un dialogue avec le Parti et le gouvernement.
10 mai Manifestation à vélo à travers les rues de la capitale.
Des milliers d’étudiants se rassemblent à Taiyuan, chef-lieu de la province du Shanxi.
13 mai Des étudiants commencent une grève de la faim.
15 mai Vu la poursuite des manifestations place Tiananmen, le protocole est complètement chamboulé lors de l’arrivée du numéro un soviétique, Mikhaïl Gorbatchev.
18 mai Li Peng, recevant les délégués des grévistes de la faim, dont Wu’er Kaixi et Wang Dan, leur tient un discours d’une extrême fermeté: «Nous ne pouvons tolérer l’anarchie». Le texte intégral (en anglais) de cet entretien se trouve dans le site The Gate of Heavenly Peace.
Alors qu’une partie de l’armée et certaines autorités provinciales expriment leur sympathie aux étudiants, Shanghai, Wuhan, Chongqing, Kunming, Chengdu voient des manifestations s’organiser.
Un million de personnes envahissent le centre de Pékin. Des slogans et des banderoles demandent la démission de Deng Xiaoping.
19 mai Zhao Ziyang fait une visite surprise sur la place Tiananmen, afin de dissuader les étudiants de poursuivre leur grève de la faim.
Les dissensions entre les membres du pouvoir deviennent de plus en plus flagrantes.
Intervention télévisée de Lin Peng (transcription intégrale dans le site The Gate of Heavenly Peace).
20 mai Dans la nuit du 19 au 20, la loi martiale est proclamée. Il est décidé de faire appel à l’armée pour rétablir l’ordre à Pékin. Cette annonce est faite par Li Peng et Yang Shangkun, chef de l’Etat, mais M. Zhao Ziyang n’est pas présent.
23 mai La confusion est totale. Face à la mobilisation populaire, l’armée n’intervient pas ou se trouve bloquée à la périphérie de la capitale.
Sur la place Tiananmen, le portrait de Mao Zedong est éclaboussé de peinture.
On continue de manifester à Guangzhou (Canton), Shenzhen, Wuhan, Urumqi, Changsha, Shenyang, Chengdu, ainsi qu’à Hongkong et Macao.
La Bourse de Hongkong subit une forte baisse.
25 mai Les chefs militaires chinois apportent leur soutien aux conservateurs et enjoignent à l’armée de faire respecter la loi martiale qui n’est toujours pas appliquée.
M. Li Peng réapparaît à la télévision.
La mobilisation internationale en faveur des étudiants de Tiananmen s’amplifie.
26 mai Des rumeurs font état du limogeage de Zhao Ziyang, qui serait en résidence surveillée. Dans les jours qui suivent, plusieurs vétérans du régime (Chen Yun, Peng Zhen) attaquent le secrétaire général plus ou moins ouvertement.
29 mai La «déesse de la démocratie», à l’image de la statue de la Liberté et haute de 10 mètres, fait son apparition sur la place Tiananmen.
30 mai Premières arrestations: trois ouvriers ayant voulu créer un syndicat autonome, des motards qui avaient parcouru la ville pour informer la population que l’armée n’y avait pas pénétrer après l’instauration de la loi martiale.
3 juin Une fois encore, la population fait reculer l’armée qui voulait mettre de l’ordre sur la place Tiananmen.
4 juin Sur ordre de la Commission militaire du PCC, l’armée intervient brutalement dans le centre de Pékin. Les chars entrent en action, les soldats tirent sur les manifestants.
Des rassemblements de protestation ont lieu dans plusieurs grandes villes du pays.
5 juin L’agitation s’étend en province. Les affrontements armés se poursuivent, y compris entre diverses unités militaires.
Les Etats-Unis annoncent des sanctions
6-7 juin Pékin est en proie au chaos, les étrangers évacuent précipitamment la capitale.
Alors que le bilan de l’intervention armée est de 1’500 morts et 10’000 blessés selon des sources hospitalières, Yuan Mu, porte-parole du gouvernement, indique qu’il n’y aurait eu «que» 300 morts, dont 23 étudiants.
Michel Rocard, premier ministre, annonce le gel des relations avec la Chine.
Fang Lizhi, astrophysicien de renom et opposant au régime, se réfugie à l’Ambassade des Etats-Unis.
8 juin Li Peng réapparaît à la télévision: «Camarades, vous avez fait un rude travail» dit-il à une troupe qu’il inspecte.
Les relations entre le pouvoir chinois et les pays occidentaux se détériorent rapidement.
9 juin Après 24 jours d’absence, Deng Xiaoping félicite à la télévision les généraux responsables de la loi martiale (texte intégral dans le site The Gate of Heavenly Peace).
Les rumeurs de purge et d’arrestations s’amplifient.
12-13 juin Première vague d’arrestations, dont l’opposant Ren Wanding.
15 juin Trois manifestants sont condamnés à mort à Shanghai.
17 juin Sans être explicitement nommé, Zhao Ziyang est accusé d’«avoir soutenu les émeutes».
Huit nouvelles condamnations à mort.
21 juin Les trois premières exécutions capitales ont lieu à Shanghai.
22 juin Sept autres exécutions capitales à Pékin. Selon d’autres sources, 400 exécutions auraient déjà eu lieu, alors que les arrestations se poursuivent et que la délation est encouragée. Plusieurs dirigeants étudiants arrivent à fuir vers l’étranger.
«Réprobation, mais pas rupture», indique le conseiller fédéral René Felber dans un discours tenu au Conseil national.
24 juin Jiang Zemin, secrétaire général du PC à Shanghai, est élu secrétaire général du Parti communiste, en remplacement de Zhao Ziyang.

Dans les semaines et mois qui suivirent, arrestations, exécutions et reprises en mains ne cessèrent pas. Ce qu’on a appelé par la suite le «Printemps de Pékin» a eu des conséquences profondes, tant sur le plan intérieur qu’extérieur. Dix ans après, le travail de deuil et d’élucidation n’est de loin pas terminé.

 

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