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Maîtres célèbres - Xu Yun, le dernier Arhat
Huang Baoshan Xu Yun Gao Zhankui Guo Chengyou


Xu Yun

Xu Yun (1840-1959) fut le dernier grand maître bouddhiste connu, il était né le 26 avril 1840 dans la province du Fujian, à Chuanzhou fu, et sa vie se déroula avec l'entrée douloureuse de la Chine dans le monde moderne. Grand héritier du bouddhisme chinois, notamment des écoles Huayen, Tiantai et Chan (Zen), il avait dédié sa vie à la pratique et aux techniques de méditation. Véritable patrimoine vivant, il fut entre autre le maître du fameux pratiquant de Wushu Haideng et sa vie fut une suite d'ascétismes, de souffrances et de miracles digne d'un saint vivant, sa réputation se propageant jusqu'au au Vietnam, en Thaïlande, en Birmanie et aux Etats-Unis.
Depuis l'âge de 14 ans, il avait été intéressé à la religion bouddhiste, et son père désirant le garder à la maison, lui paya un maître taoïste privé durant trois ans. A l'âge de 17 ans, sa mère le maria à deux femmes avec lesquelles il n'eut pas de relations physiques, préférant leur parler de religion. N'ayant pas atteint le but qu'il s'était fixé, Xu Yun partit avec son cousin à l'âge de 19 ans dans un monastère de Fuzhou et là, il se fait raser la tête et ordonner moine, puis il reçoit l'enseignement de maître Miao Lian.
Son cousin partit alors en moine itinérant à travers la Chine, et il ne fut jamais retrouvé, quand à son père, il avait envoyé des hommes pour le rechercher et le ramener à la maison. Xu Yun part alors se cacher dans une grotte qui surplombait le monastère où il y reste durant trois ans à pratiquer la méditation.
A l'âge de 25 ans, il apprend que son père était mort et que ses deux femmes étaient devenues nonnes dans un monastère. Durant ses trois ans de méditation dans la grotte il avait écrit : " j'étais capable de garder un cœur joyeux, et de laisser mon âme voyager où elle voulait, je ne mangeais que des herbes ".
A l'âge de 31 ans, il alla à Wenzhou où il suivit l'enseignement de maître Yong Qing qui était notamment connu pour son chan (zen).
Sous la gouverne de Yong Qing, Xu Yun ne mangeait que du riz et récitait les poèmes du zen avant qu'il ne parte de 36 à 43 ans sur l'île de Putoshan où il rencontra encore de nombreux autres maîtres.
A l'âge de 43 ans, il était dans la tristesse car il n'avait toujours pas atteint l'illumination, ayant sacrifié sa vie, celle de son père et celle de ses deux femmes pour rentrer dans la communauté.
Il commence alors un long pèlerinage à travers la Chine à pied, jusqu'aux cinq montagnes dans le Shanxi, le Wutaishan, et il faillit mourir deux fois, une fois de froid et l'autre de maladie. Tombé dans une tempête de neige et atteint de fièvre, il fut sauvé par un mendiant qui lui donna des médicaments et qui lui sauva ainsi la vie.
Wutaishan était le lieu de culte central du bodhisattva Manjusri, et il y était arrivé après un long pèlerinage de trois ans, puis là, il y pria pour sa famille et après avoir survécut à la faim, la maladie et la dureté de son expédition, il avait enfin réalisé l'unité de son âme, imperturbable et calme, sans qu'aucun évènement extérieur ne puisse plus le troubler dans sa quête.
Comme il était commun sur le Wutaishan depuis des temps plus anciens, il vit avec de nombreux autres pèlerins des boules de lumière sauter d'un pic à l'autre de la montagne, elles étaient sensées être le bodhisattva Manjusri qui descendait parmi les hommes…
Le maître voyagea ensuite vers le sud, dans de nombreux monastère comme ceux de la montagne d'Emei dans le Sichuan, le Potala au Tibet, les Indes, puis Ceylan et enfin la Birmanie.
" Les scènes et les paysages changeaient à ma vue, mais j'étais comme une lune accrochée seule dans le ciel, ma santé devint meilleure, et j'avais le pas rapide " avait-il dit.

Entre 54 et 55 ans, il se retira dans une montagne pour lire le tripitaka, puis à l'âge de 56 ans, il fut invité au monastère de Gaoming, et sur sa route, il glissa et tomba dans une rivière avant d'être récupéré par un filet de pêcheur,
Il tomba gravement malade, et arrivé au monastère chan (zen) de Gaoming, il ne pu enseigner la méditation aux moines locaux. Ce refus avait été pris comme un affront envers toute la communauté et il fut puni à coups de bâtons, ceci aggravant encore plus sa maladie. Pratiquant du non soi et de l'abandon de l'être, il accepta cette sanction, puis sur le point de mourir, il se mit en posture de méditation et resta ainsi immobile : " Dans la pureté de l'isolement de mon être, j'ai oublié mon corps. Après vingt jours, ma maladie était complètement guérie, et j'avais l'impression de voler. Une nuit, j'ouvris soudain les yeux et je vis comme à la lumière du jour tout ce qu'il y avait à l'intérieur et à l'extérieur du monastère "
Il atteint l'illumination et la libération totale de lui-même un jour, lorsqu'un moine lui apportant une tasse de thé brûlante la renversa sur sa main. Le novice lâcha alors la tasse qui se brisa sur le sol et le son de la tasse arriva jusqu'à l'âme du Xu Yun. "J'étais comme quelqu'un qui se sortait d'un rêve" avait-il dit.

Au temps de la libération de la Chine, il vivait dans le Yumensi (monastère de la porte de Jade), situé au nord de la province du Guangdong. Etant revenu de Hongkong (Xianggang) suite à une demande de ces disciples qui avaient peur de voir la montée des communistes et l'extinction du bouddhisme.
Pour sauver les sociétés monastiques chinoises (sangha), Xu Yun s'affaira à de nombreuses publications de canons bouddhistes et à la survie des ordinations monacales. Ne recevant plus d'aide de l'État, les moines bouddhistes de la Chine durent peu à peu travailler dans les champs ou dans les usines pour pouvoir survivre, si ils n'avaient pas auparavant été tués lors des affrontements avec les soldats rouges.
Par exemple à Yuhuanshan (Montagne de l'empereur de jade) dans la ville de Hangzhou, la communauté des taoïstes de l'école longmen, munie d'armes à feu pour garder son temple, fut pratiquement décimée après une bataille longue et ardue.

En mars 1951, le temple du Yumensi où résidait Xu Yun fut soudainement entouré d'une centaine de gardes rouges, puis interdit d'entrée et de sortie à quiconque, les bonzes mirent le vénérable dans ses quartiers. Les moines furent emprisonnés dans la salle du dharma et dans la salle de méditation.
Après cela, les officiels communistes cherchèrent toute effigie des anciens maîtres, toute statue ou toute richesses qui pouvaient se trouver dans le monastère, du toit au plancher; mais ils ne trouvèrent rien du tout.
Ils arrêtèrent alors le principal du temple, un dénommé Ming Gong, et les autres officiels du monastère, Wei Xin, Wu Hui, Chen Gong et Wei Chang qui furent tous pris, et l'ensemble des manuscrits et documents de plusieurs centaines d'années furent emporté dans des sacs de toiles.
Au fil des jours, 26 moines du monastère furent interrogés, puis torturés par les gardes rouges, afin qu'ils leurs révèlent où se cachaient les richesses du monastère.
Ils clamèrent leur ignorance, et Miao Yun, le disciple le plus prometteur de Xu Yun fut battu à mort. Wu Yun et Ti Chi furent si violemment frappés que leurs os en furent brisés, et quand ils ne purent rien découvrir, ils allèrent chercher le maître Xu Yun, le 6 avril 1951.
Les communistes enfermèrent le maître dans une chambre calfeutrée aux volets fermés, ils interdirent au vénérable de boire et de manger et il n'était pas autorisé à aller aux toilettes.
Il y avait juste une petite lampe qui éclairait jour et nuit dans le noir de la chambre, puis le 8 avril, ils forcèrent le maître à révéler où se trouvaient les imaginaires fusils et l'or, et ils commencèrent à le frapper avec des bâtons de bois d'abord, puis ne voyant pas d'effet significatif, ils continuèrent avec des matraques de métal. Ils le frappèrent jusqu'à ce que sa tête et son visage soient complètement recouverts de sang, puis que ces doigts furent cassés.
Ils l'interrogèrent en même temps qu'ils le frappèrent, et le maître se mit dans la position du lotus, en rentrant ainsi en méditation. Bien que les coups fondaient sur lui, il ferma les yeux et la bouche et il resta silencieux dans un état de samadhi (transe bouddhique).
Ce jour-là, il fut passé quatre fois à tabac, puis enfin jeté au sol, ses assaillants, croyant qu'il était mort, le laissèrent là. Le 10 avril, apprenant que le maître n'était pas mort, les gardes rouges vinrent encore dans la chambre ; Ils virent le maître encore assis en méditation et entrant dans une colère furieuse, ils le frappèrent à coups de massues en bois, puis ils le rouèrent de coups de pieds à l'aide de leurs bottes en cuir. Le sang coulait de partout sur son corps et les gardes rouges cette fois-ci le croyant bel et bien mort, sortirent de la chambre.
Les disciples du maître aidèrent Xu Yun à se rasseoir en le prenant dans leurs bras, et vers le 15 avril, Xu Yun adopta une position particulière représentant le bouddha au nirvana.
Il n'y avait plus d'air qui sortait de sa bouche et de son nez et ces disciples auraient pu le croire mort, si son corps n'était pas encore chaud. Les bonzes le gardèrent encore, et Xu Yun ouvrit enfin la bouche en leur expliquant que son âme était partit dans le paradis toutsita, où il rencontra le futur Bouddha Maitreya, qui lui dit que ce n'était pas encore le temps pour lui de mourir et qu'il devait rester au monastère.
Les disciples commencèrent à prendre peur en voyant la puissance du maître, et les gardes communistes intrigués questionnèrent.
" Le vieux ne peut-il pas mourir ? "
Et le moine qui était à son chevet répondit.
"Le maître a accepté de souffrir pour aider les choses vivantes. Pour vous, les hommes, il vous prédit des désastres naturels. Il ne peut pas être mis à mort, un jour, vous comprendrez ces choses par vous-mêmes."
Les communistes furent effrayés et ne dérangèrent plus Xu Yun qui allait survivre, mais sa condition physique détériorait peu à peu. Xu Yun fut ensuite invité à Beijing le 16 Septembre 1952, au Guangjisi, où il y devint le représentant bouddhiste de la Chine, le président Mao ayant eu ouï dire des faits précédemment cités.
Servant à accueillir les délégations étrangères, et en même temps à afficher une image humaine à la Chine communiste de Mao, Xu Yun allait toutefois ainsi protéger les bouddhistes de Chine, réorganisant comme il le pouvait le sangha dans cette société pervertie par l'illusion d'une nouvelle ère révolutionnaire.
En octobre 1959, Maître Xu Yun meurt à l'âge de 109 ans, et le 'China News Agency' le décrivit comme un homme respectable.
Avant sa mort, il laissa un message à l'un de ses disciples, décrivant où se trouvait caché l'or du temple. Cet or, qu'il l'avait déterré en 1930, avait été collecté antérieurement par le peuple pour la réparation du monastère Guangxiaosi au Guangdong. Une somme de 28'000$ fut ainsi déterrée sous un arbre, et selon le vœu de Xu Yun, elle fut donnée au gouvernement chinois.
Durant les années 1950 et 1951, 28'332 personnes éduquées furent exécutées dans la province du Guangdong parce qu'elles étaient contre-révolutionnaires, et dans le milieu des arts martiaux, de nombreux maîtres furent persécutés, déportés ou tués.

L'adoption du wushu dans les Jeux olympiques après les jeux de Beijing en 2008 ne doit pas faire oublier les massacres et les persécutions des anciens maîtres, ce qui baissa considérablement le niveau de la pratique en Chine. L'histoire douloureuse de la révolution culturelle devant servir de leçon, les arts martiaux traditionnels chinois doivent aussi avoir leur place dans la propagation du wushu au travers du monde moderne et des jeux Olympiques. Depuis la révolte des Boxers et les guerres de l'opium, les pratiquants d'arts martiaux et leurs diverses sociétés secrètes ont subi des persécutions, d'abord par les 'huit armées coloniales', puis par les Japonais et enfin par les gardes rouges.
Les écoles de wushu traditionnelles méritent mieux qu'une basse reproduction édulcorée et sportive, et la transmission de ces arts à un niveau international devrait obtenir beaucoup plus de soutien financier et politique, puisqu'ils sont les "trésors de la Chine'" (guobao) issus d'une très longue histoire. L'unique développement du wushu moderne et sportif risque de faire oublier les riches arts du passé qui sont le véritable témoignage historique et culturel de la Chine.

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