ZAO Wou-ki et Henri MICHAUX:
les jeux du trait et de l’encre comme rencontre entre les cultures

Genève

Conférence de Mme Yolaine Escande, Centre national de la recherche scientifique, France

Salle M1160, Uni Mail, Genève

"L’amitié qui a lié Henri MICHAUX (1899-1984) et ZAO Wou-ki (1920-2010) a permis un échange artistique et esthétique fructueux autour de ce qu’ils ont appelé tous les deux les «jeux du trait et de l’encre», ce qui les a placés à l’avant-garde de la rencontre entre Chine et Occident au XXe siècle. Tous deux cherchent à atteindre une forme d’universalité en art, faisant fi des frontières culturelles, à partir du tracé, du signe, du langage. La conférence visera à étudier le contenu technique et esthétique de leurs œuvres, la place des échanges entre cultures dans leur création, nous permettant d’aborder la multiplicité et la complexité créatrice de ces artistes aux confluences de plusieurs cultures."

La matérialité de la culture chinoise

Genève

Conférence de M. Basile ZIMMERMANN, directeur de l’Institut Confucius de l’Université de Genève

salle M1170, Uni Mail, Genève

"Où se trouve la culture chinoise? Est-elle une idée abstraite ou une entité concrète? Peut-on la localiser, par exemple dans les humains qui la portent, en Chine comme dans d'autres endroits du monde? Ou plutôt parmi les non-humains qui circulent jusqu'à nous, livres, calligraphies, feuilles de thé, pages web rédigées en mandarin, vidéos de taijiquan ou de musique? À l'occasion de la publication de son dernier livre, Humanités populaires (Belles Lettres 2023), Basile ZIMMERMANN vient présenter ses réflexions quant à la manière dont la sinologie peut (re)penser ses objets d’études. Cette conférence est réalisée en collaboration avec deux artistes visuels: Marco DE FRANCESCO (illustrations) et Dimitri DELCOURT (graphisme)."

Quelles limites pour une « amitié sans limites »?
Les relations sino-russes après deux ans de guerre

Genève

Conférence de M. Iacopo ADDA, Université de Genève

Salle M1160, Uni Mail, Genève

"Début février 2022, quelques semaines seulement avant le déclenchement par la Fédération de Russie de la guerre à grande échelle en Ukraine, une déclaration conjointe sino-russe était soumise à l'attention des médias internationaux. C'était le 4 février, journée d'ouverture des Jeux Olympiques d'hiver de Pékin. La Russie et la Chine déclaraient alors de façon solennelle que "l'amitié parmi les deux États n'avait aucune limite et qu'il n'existait aucun domaine interdit de coopération" entre Moscou et Pékin. Dès le départ, les spécialistes des relations internationales, de l'analyse géopolitique et de l'histoire des rapports sino-russes se sont interrogé.e.s sur le sens de cette affirmation. En effet, elle semblait clore un processus diplomatique et géostratégique qui avait duré plus de 30 ans. Le sujet avait fait couler beaucoup d'encre sur les réussites ou les échecs d'un "partenariat stratégique" entre les deux pays, voire d'une "semi-alliance". Il s'agissait désormais de déchiffrer ce nouveau terme assez inusuel: "amitié sans limites". Deux ans se sont écoulés depuis, et les analyses sur ce sujet n'ont pas cessé d'être produites. Qu'en est-il de cette "amitié sans limites" dans un contexte géopolitique mondial qui change rapidement? Nous allons explorer l'évolution des études des relations sino-russes des dernières années et nous nous questionnerons sur le passé récent, le présent et l'avenir de ce domaine de recherche."

L’implantation de la religion chinoise en France:
les huiguan et leurs lieux de culte

Genève

Conférence de Mme FANG Ling, CNRS-EPHE-PSL, Paris

Salle M1160, Uni Mail, Genève

"Les huiguan, «foyer de communauté ou maison de communauté», ont été établis sur la base d’un dialecte ou d’un territoire d’origine commune et ont joué un rôle très important dans l’implantation de la religion chinoise en France. C’est à ces associations d’entraide fondées par des réfugiés venus de la péninsule indochinoise que nous devons les premiers temples chinois en France, et plus généralement la présence des cultes chinois et les manifestations telles que la procession festive à l’occasion du Nouvel An lunaire à Paris. La conférence commencera par un rappel de la tradition huiguan en Chine même et dans l'immigration. Nous étudierons ensuite l’implantation graduelle des huiguan et de leurs temples dans le contexte laïc français ; puis l’évolution des rôles et des fonctions de ces institutions culturelles et cultuelles. Nous terminerons sur leur attractivité et leur écho dans la société d’accueil."

Armateur, historien d’art et chocolatier
3 parcours d’amateurs de la porcelaine chinoise au XIXe siècle

Genève

Conférence de Mme Pauline D’ABRIGEON, conservatrice en charge de la collection chinoise de la Fondation Baur, Musée des arts d’Extrême-Orient.

Salle M1160, Uni Mail, Genève

"La porcelaine chinoise occupe une place à part dans les collections et publications françaises de la seconde moitié du XIXe siècle. Mis au jour par de récentes recherches, les parcours de l’armateur Émile TASTET (1799-1882), de l’historien d’art Albert JACQUEMART (1808-1875), et du chocolatier François-Philibert MARQUIS (1821-1889) permettent de retracer trois moments et trois modalités d’appréciation de la porcelaine chinoise au XIXe siècle. Émile TASTET offre ainsi un exemple rare d’armateur reconverti dans la vente de la porcelaine chinoise à Paris. Profitant de ses liens avec des compagnies d’armateurs havraises, il promeut des porcelaines issues d’un commerce direct avec Canton dans les années 1840-1850. Albert JACQUEMART, inventeur fameux du système de classification des porcelaines chinoises par familles, est moins connu pour son travail d’expertise auprès des plus importants collectionneurs de son temps. Il sera le véritable chef d’orchestre de l’exposition du «Musée Oriental» au Palais de l’Industrie (1869), manifestation rassemblant plusieurs centaines d’œuvres issues de collections privées, toutes mises au diapason de son expertise et de sa nomenclature. Deux décennies plus tard, la collection du grand chocolatier parisien François Philibert MARQUIS est mise en vente et suscite l’événement. Les archives du chocolatier montrent que son engouement pour la porcelaine chinoise était partie intégrante de sa conception d’une boutique de confiserie."