Ainsi le couperet est-il tombé : le Consulat général de Suisse à Chengdu va fermer à la fin de cette année. Bien que le Conseil fédéral doive encore se prononcer et les Commissions de politique extérieure des deux Chambres être consultées, le train de laminage des économies drastiques imposées aux Départements fédéraux ne laisse guère augurer d’une autre issue.

Opérationnel depuis le 10 octobre 2016, ce Consulat n’aura guère eu la chance de faire ses preuves. La pandémie l’avait déjà réduit à peu de choses. Pourtant, son arrondissement consulaire comprend la municipalité de Chongqing et les provinces du Sichuan, du Guizhou et du Yunnan. En termes de PIB, après Shanghai, Beijing et Shenzhen, Chongqing se place 4e parmi les villes chinoises, ayant détrôné Guangzhou. Chengdu est 7e devant Wuhan et Hangzhou.

Qui plus est la Suisse a laissé des traces dans cette vaste région, notamment dans le Sichuan : après le tremblement de terre de 2008, la forte mobilisation de la communauté suisse avait permis la construction d’un jardin d’enfants à Chongzhou, inauguré en 2010 ; le 2e Forum sino-suisse des femmes s’était tenu à Chengdu en 2017. Sans oublier que Chongqing sera ainsi aussi délaissée, alors que s’y trouvent un SinoSwiss Technopark et… la Maison du couteau militaire suisse, monté par un collectionneur chinois ! Quant au Guizhou, le dialogue sino-suisse qui s’était tenu plusieurs fois à Guiyang n’est déjà plus qu’un lointain souvenir. Sans oublier le Yunnan, dont le chef-lieu Kunming, fut la première ville chinoise à conclure un jumelage avec la ville de Zurich, en 1982, autant dire il y a un siècle !

Il en faudra des gazouillis (tweets) enjôleurs, des egoportraits (selfies) aux sourires de circonstances pour faire oublier ce couac magistral. « So Swiss » s’intitulait une initiative tenue récemment en Chine. En effet, voilà également ce qui caractérise parfois notre pays : des ambitions affichées, une manière de plastronner en annonçant ses succès, mais une pratique où la pingrerie le revendique souvent à la courte vue. Quant à la politique du Conseil fédéral à l’égard de la République populaire de Chine, elle devient illisible. Ce ne sont pas ses membres qui se refusent à entreprendre des visites sur place cette année qui répareront les dégâts et rassureront leurs interlocuteurs.

En paraphrasant le chanteur Renaud : au souhait de se tatouer sur le dos un aigle aux ailes déployées, il n’y a la place, finalement, que pour un moineau.

4 septembre 2023