Tutti frutti
Nuit de Chine, nuit câline ?
« (…) en Chine, le mot sensualité n’existe pas »

Dans 24 Heures du samedi-dimanche 9-10 décembre 2000, p. 39, « Beaux livres « , un encadré signé C. Le, « Désirs volés« .

On y lit la phrase suivante : « (…) en Chine, le mot sensualité n’existe pas : «On parle tout au plus de «sentiment printanier». » »

Si l’on demande ä plusieurs sinologues de traduire « sensualité », on verra que chacun propose une version personnelle. Ce n’est, en effet, pas un mot facile à traduire. Que nous disent quelques dictionnaires : « sensualité » se traduit par dan yu sheng-se ou dan yu haose , s’adonner aux femmes et aux chansons ou s’adonner aux belles filles.
Ou yindang : débauché, licencieux, dissolu.
On trouve aussi rougan , sentiment charnel et rouyu , désir charnel et dans un deuxième sens, « bonheur des cinq sens » (kuaile guanneng de) .

Donc, « sensualité », en chinois, cela existe bel et bien, même si ce n’est pas évident à traduire. Mais tout d’abord, sait-on ce que cela signifie en français? Le Robert n’explique pas le sens, il renvoie à sensuel: tout ce qui flatte les sens, tous les sens (épicurien), mais d’après les renvois (érotisme, luxure, charnel, lascif) semble assez orienté. C’est bien ce que disent les Chinois: débauché, licencieux, dissolu.

Que veut nous dire ce cliché ? D’une part qu’un milliard et demi de Chinois sont le fruit de sentiments printaniers et pas du tout de fleurs du mal, ni de la philosophie dans le boudoir et encore moi du diable au corps. D’autre part que les Chinois, et les Chinoises seraient plus fort que nous pour manier le langage imagé, indirect. En fait, doit vouloir dire l’auteur du livre, la Chine serait une civilisation entière d’écrans du désir.

Un commentaire de Georges-Marie SCHMUTZ, aimablement transmis à SinOptic.<