Tutti frutti
Reconnaissance – Quand même le Ministère chinois des affaires étrangères se trompe

SinOptic a déjà signalé à maintes reprises, que ce soit auprès d’autorités officielles, d’organisations diverses et des médias, que la Suisse n’est pas le premier pays occidental à avoir reconnu la Chine nouvelle et établi des relations diplomatiques avec elle.
Pour les dates précises, prière de consulter notre page dédiée.

Mais, cette fois, la bulle tombe de haut.
Le 27 novembre 2021 se tenait un entretien téléphonique entre M. le conseiller fédéral Ignazio CASSIS, chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) et son homologue chinois M. WANG Yi (nos informations du 29 novembre 2021). À l’issue de celui-ci, le Ministère chinois des affaires étrangères a publié le jour même des communiqués en chinois et en anglais, lesquels ont fait l’objet de traductions en allemand et en français (datées du 17 décembre 2021) dans le site de l’Ambassade de la République populaire de Chine en Suisse.

Vous verrez ci-dessous dans les extraits en chinois, en anglais et en français, l’affirmation suivante:

« Wang Yi a rappelé que la Suisse était le premier pays occidental à avoir reconnu et avoir établi des relations diplomatiques avec la nouvelle Chine (…). »

Reconnaissance - Erreur - 27 novembre 2021- en chinois
Reconnaissance - Erreur - 27 novembre 2021- en anglais

Reconnaissance - Erreur - 27 novembre 2021- en français

De manière tout à fait amusante, la version en allemand est correcte:

Reconnaissance - Version correcte - 27 novembre 2021- en allemand

En effet, il est écrit:

« WANG Yi sagte, die Schweiz sei eins der ersten westlichen Länder, die die Volksrepublik China anerkannt und diplomatische Beziehungen mit dem neuen China aufgenommen hätten. »

Soit:

« la Suisse a été un des premiers pays occidentaux à… »

Le DFAE n’a publié le 27 novembre 2021 sur Twitter que le gazouillis suivant:

Gazouillis DFAE - 27 novembre 2021
Il ne fallait donc pas s’attendre à une correction de sa part quant à l’inexactitude des propos ainsi reportés.

Pour celles et ceux qui désirent s’informer de manière approfondie, il convient de se référer au travail de M. Michele CODURI, La Suisse face à la Chine. Une continuité impossible? 1946-1955, en particulier son chapitre 5 qui traite spécifiquement de « La reconnaissance de la République populaire de Chine ».

Bref, il faudra encore bien des efforts pour réduire à néant ce qui ressemble de plus en plus à une légende urbaine. Cette fois, elle circule même dans les plus hautes sphères…

Quelques références :