Nicolaus FIVA
Le premier Suisse en Chine

Texte de George-Marie Schmutz.
Av. Cécil 1, 1007 Lausanne

Lorsque les Européens se sont aventurés en direction de la Chine, cet empire était un grand Etat, puissant, capable de contrôler efficacement ses frontières. C’est pour cette raison que l’on sait exactement à quelle date les premiers Européens ont pu y pénétrer durablement (vers 1585). Le premier Suisse parmi eux s’appelait Nicolaus FIVA, de Fribourg. Pour lui, cela se passa en 1638.

Texte de la conférence The best intentions of Nicolaus FIVA – Two letters 1635, 1637 (document pdf)

Il a été question du premier Suisse en Chine dans le cadre d’une conférence internationale célébrant à Pékin le 400ème anniversaire de l’arrivée dans cette ville des Européens. En 1601, Matteo Ricci, un père jésuite italien, après 16 ans d’efforts, parvenait à s’établir près de l’empereur.

Parmi les missionnaires européens, les jésuites, tous exceptionnels dans les sciences libérales et scientifiques, avaient choisi la méthode dite de l’accommodation. Dans le cas de la Chine, cela voulait dire: se hisser au niveau de compétence académique des mandarins chinois afin de les convertir. C’est ainsi que Matteo Ricci conseillait à ses futurs collègues de bien apprendre la langue plutôt que de se hâter à convertir dix mille âmes. Le bien à long terme du christianisme en Chine dépendait de cette accommodation-là. Ricci et quelques autres jésuites étaient des personnages exceptionnels. Leur politique ne fut pas suivie. Finalement les jésuites furent écartés de Chine (sauf un petit groupe installé dans la Cité interdite) et l’ordre tout entier dû se disperser. Des graines avaient été semées mais il n’ y eu jamais de récolte.

Age d’or d’échanges culturels entre la Chine et l’Europe

Cependant, au début du XVIIème siècle (1600-1650), il y eut quelque chose comme un âge d’or d’échanges culturels entre la Chine et l’Europe. A juste titre la petite Europe admirait l’immense Chine, les philosophes de XVIIIème siècle en firent leur empire modèle à bien des points de vue. De leur côté, les mandarins chinois furent dans un premier temps intéressés par les nouvelles que ces missionnaires européens, ces « barbares de l’extérieur » apportaient en Chine. Cette cour ne dura pas. L’Europe – qui ne le savait pas encore -, était en train de devenir une puissance mondiale alors que la Chine – qui l’ignorait encore plus -, perdait l’avance qui, durant 1500 ans avait fait d’elle la toute grande puissance du monde pré-moderne.

La conférence de Pékin, organisée par l’Institut Ricci de l’Université de San Francisco et l’Institut des religions mondiales de l’Académie des sciences sociales de Pékin célébrait cette rencontre et ce dialogue, et s’interrogeait sur l’actualité de cette histoire.

Rencontres et Dialogues
Symposium international sur les échanges interculturels

Pragmatisme sans complexe

La conférence, tout à fait académique et du plus haut niveau, était abritée dans un des gratte-ciel de l’Université technologique de Pékin.

International Education Communication Center (IECC)
Beijing Institute of Technologies
Beijing Ligong Daxue, Guoji Jiaoyu Jiaoliu Zhongxin

D’abondants néons publicitaires annonçaient ce bâtiment qui est à la fois un hôtel, un centre d’amusement, un ensemble de restaurants, une école de langues, des bureaux et bien sûr un centre de conférence. Tout marche en même temps à la grande satisfaction des partenaires: les restaurants font salle comble, l’hôtel affiche complet, les organisateurs trouvent un centre de conférence bien équipé et abordable, la question du regroupement des participants se règle d’elle-même. Ce pragmatisme sans complexe, cette efficacité objective, cette capacité à fournir tous les services, m’a semblé être une image du nouveau Beijing. Pour comprendre la performance de nos hôtes, il faut essayer d’imaginer la difficulté d’organiser une conférence combinant (vraiment) l’anglais et le chinois et réunissant des Portugais, des Italiens, des francophones, des Anglo-saxons, des Japonais et bien sûr des Chinois. Les Chinois veulent attirer chez eux ces conférences internationales, ils doivent donc nous convaincre que le service sera véritablement international. Tout doit être disponible immédiatement en plusieurs langues et en plusieurs écritures. Ils y parviennent. Et bien sûr, ils assureront la publication en plusieurs langues des débats. L’image du Beijing actuel, c’est cela: les néons criards sur la façade de l’université jusqu’à la capacité d’assurer une véritable conférence internationale. Quel plus beau symbole pour cette occasion: Rencontres et dialogues !

Article en langue chinoise publié dans Swissinfo le 22 juin 2009.